GUYANE : 7 Jours de blocage ou la Guerre des Centimes

Publié le par aldric



Je ne peux plus mettre de vidéo en ligne, en raison d'un bug sur les Livebox SAGEM fournies par Orange dans les DOM... Mais comme j'ai l'impression que les médias français passent très vite sur l'actualité qui secoue la Guyane depuis une semaine (un collègue rapporte que ça prend autant de place au JT que la vente des sapins de Noël !), je mets en ligne une petite chronologie des événements selon mon modeste point de vue, accompagnée de quelques photos et vidéos glânées à droite à gauche...




Tout a commencé lundi 24 novembre à 4 heures du matin, mais la rumeur circulait déjà depuis dimanche : les principaux axes routiers sont barrés dans les principales communes du littoral guyanais. C'est l'oeuvre d'un mouvement réunissant des patrons d'entreprises de transport et des consommateurs en colère, en signe de protestation contre le prix de l'essence. Réaction pacifiste des forces de l'ordre, à l'extrême inverse des événements de mai dernier pour l'éducation en Guyane. Comme tous les matins, je prends mon vélo et ne m'aperçois de rien. Moins d'embouteillages que d'habitude, quand même.




Les médias français mentionnent à peine la question, puisque seul lefigaro.fr se charge alors de relayer la première dépêche AFP : peu satisfaisant, mais au moins on ne peut pas dire que la classe dirigeante n'ait pas été mise au courant de la situation !


Mardi 25 : en plus des barrages qui se poursuivent, un autre fait est occulté : les vies scolaires de nombreux établissements du département sont en grève. De nombreux collèges et lycées sont sans surveillants ni C.P.E. et les établissements scolaires de Guyane commencent à fermer les uns après les autres, jusqu'à une date indéterminée. Le soir, le centre de Cayenne s'enflamme : depuis la rue Colomb, j'entends les sirènes de police, les crissements de pneus et les hurlements provenant de ce quartier qu'on appelle Chicago... Ca sent le roussi, au sens propre comme au sens figuré...




Mercredi 26 : des prémices d'émeute en Guyane ? Il n'en fallait pas moins pour que les médias français s'intéressent enfin au département. Les jeunes guyanais, qui voient un avenir bien incertain se dessiner devant eux, l'ont bien compris : des journalistes élevés au sarkozysme ne sont intéressés que par la violence. Si l'info ne ressemble pas à un mauvais épisode de Rick Hunter, c'est pas de l'info.

J'en profite pour vous inviter à aller les voir l'oeuvre photographique de Ronan Liétar, dont voici un aperçu :



Le rappeur guyanais Negus a.k.a. Mero "improvise" un morceau et un clip qui rencontrent un succès immédiat sur DailyMotion comme sur les barrages :




Parallèlement, France-Guyane soulève un point important : en cas de force majeure comme celui-ci, un patron ne peut pas sanctionner un salarié qui ne peut se rendre à son travail. Le mouvement gagne l'adhésion de la majorité de la population.




Jeudi 27 : Comme le note France-Guyane, Yves Jégo "lâche" 10 centimes. Ce n'est pas assez pour le collectif, qui réclame 50 centimes. C'est le début de ce qu'on appellera peut-être plus tard "la guerre des centimes". Dans le même temps, un commerçant chinois s'est fait tuer par balle devant son magasin. Par solidarité, tous fermeront une journée.


Du côté de Saint-Laurent-du-Maroni, Stéphane, le "sacrifié" de mai dernier, évincé de l'Education Nationale parce qu'il s'est trop battu pour elle, continue à militer caméra au poing, et donne la parole aux habitants :





Vendredi 28 : En 24 heures, on a gagné 2 centimes. Mais on a aussi gagné beaucoup plus : pour la première fois, j'apprends le nom du préfet de Guyane et vois à quoi il ressemble. Et je suis sûr que je ne suis pas le seul dans ce cas ! Chaque soir, des concerts s'organisent sur les barrages. Mais un groupe de jazz manouche composé essentiellement de métros (gare à la contrepèterie !) est évincé d'une soirée sans raison apparente. D'aucuns commencent à mettre une couleur sur la protestation. Le début de la division ?

On annonce le même jour la fermeture du port et de l'aéroport. Dans les quelques magasins ouverts, les réserves baissent à vue d'oeil.

Le rappeur Rhamsin, à son tour, lance son morceau sur le mouvement. En guise de clip, voici le slideshow réalisé par une fan en parallèle :




Samedi 29 : L'Etat aurait négocié avec les pétroliers, et obtenu 30 centimes de réduction au total. Mais ce n'est toujours pas assez, comme titre le France-Guyane. Tant qu'il reste du pain, je vais acheter une baguette à congeler et je croise un clochard. De circonstance, il réclame 50 centimes, pour le carburant qui fait fumer sa pipe. J'hésite à négocier un peu avec lui, je me demande où, au fond, partiront les 50 centimes. 30 centimes lui suffiraient peut-être... Enfin, pas de quoi faire un barrage !

Pendant ce temps, un jeune artiste, Serious Vince, appelle à la mobilisation, et par la même occasion, à la révolution :





Dimanche 30 : C'est la honte pour RFO : la chaîne est accusée d'avoir coupé la parole a Nestor Radjou, alors qu'il tirait la sonnette d'alarme quant aux effets du blocage et un possible effondrement de toute l'économie de Guyane. Images à l'appui :



M. Tien-Liong, Président du Conseil Général a fait couler de l'encre en apparaissant sur RFO devant le drapeau traditionnellement associé à l'UTG et aux indépendantistes : maladresse ou fait exprès ?




La vidéo suivante, par Zimaj-Nou-Koté, le montre, ainsi qu'Antoine Karam et Chantal Berthelot, tandis qu'ils s'expriment cette fois dans l'Ouest :



Un courrier a été adressé au Président de la République, qui n'a fait aucune mention des événements lors de sa rencontre récente avec les maires de Guyane...



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